« After the show, i see you.. » {R}

La porte de ma loge entr’ouverte, j’entendais les danseuses qui courraient et qui poussaient de grands cris d’excitation. J’étais devant ma glace et j’observais mon visage. Mes yeux bleus étaient soulignés au crayon noir qui faisait ressortir la couleur claire de mes iris. Mon teint était légèrement rosé. Mes cheveux d’un blond foncé et clair à la fois un peu comme du blé ondulés sur mes fines épaules. Ma peau était d’une blancheur d’albâtre et douce comme le miel.Elle brillait à la lueur des mini lumières installées sur ma commode. J’observais ma coiffure étant satisfaite de mon résultat. Ma robe de satin d’un rose pâle enveloppait divinement mes formes. A croire qu’elle était faite sur mesure pour embellir mon corps. J’enfilais mes bas fins et doux au toucher. Je l’attachais à mon porte jarretelles, toutes les danseuses en portait un ainsi qu’un léger corset histoire de faire ressortir ses atouts. Au début j’avais du mal, car je n’aimais pas trop montrer mon corps mais ensuite on s’y fait. Je m’étais dit que seule la danse primait et que s’abandonner au plaisir de la chair venait en option et seulement si j’étais vraiment séduite. J’était difficile mais cela ne renforçait que le mystère que je représentait pour la gente masculine. Je me levais de mon siège et quittait ma loge pour me rendre sur la scène. Ce soir j’étais en représentation avec un bon nombre de danseuses. Je ne tenais pas le rôle principal, qu’importe du moment que je vous exercer ma passion avec sensualité et douceur. La vieille matrone qui nous chérissait nous toisait d’un regard pour veiller à ce que tout soit parfait. Je lui souriais et son regard ce faisait doux et protecteur. Elle nous répétait souvent que nous étions ses beautés, ses perles, ses filles. Je respirais longuement, car même la plus grande danseuse ne pouvait aller sur scène sans avoir une parcelle d’onde de stress. Mes talons frappaient le sol dur et je croisais les doigts pour que tout aille bien. Ce soir il était question d’une danse s’inspirant un peu de celle du grand Moulin Rouge. Elle avait l’air simple mais elle nous avait demander beaucoup de travail ; Digne des plus grands chorégraphes, une sensualité sans égal qui ferait jazzer l’assemblée. Nous nous installions sur la scène le rideau fermé.J’entendais de multiples voix d’hommes mêlaient à quelques unes appartenant à la gente féminine. J’étirais mes bras, je posais mes mains sur mes hanches et je repensais au spectacle. Nous étions vraiment imprégnés dans notre métier. J’entendais la voix de ténor de l’homme qui nous présentait tout le temps. Je souriais oubliant l’espace d’un instant le stress qui s’installait en moi. Je sentais les frissons parcourir ma colonne vertébrale.Le rideau se lève, mes yeux perçant scrutent la salle plongée dans le noir. La musique retentit, nous commençons donc à danser. Maintes fois on m’avait dit que je dégageais quelques chose de puissant lorsque je dansais, je devenais attractive tel un aimant et je captivais la salle. Je ne m’en rendais pas compte, la danse était ma passion depuis mon enfance et travailler ici était l’un de mes vœux les plus chers. Nos robes virevoltaient, nos mains épousaient les formes de nos corps et une osmose parfaite s’était installée. Le spectacle dura un peu longtemps, le public avait l’air satisfait, des sifflets parvenaient à mes oreilles. Je souriais et mon regard ce posa sur un jeune homme. Je le regardais, je sondais de mon regard de glace son âme. Ce n'était pas la première fois que je le regardais. D'habitude il n'avait droit qu'à une simple regard froid de ma part mais là, il fut plus long. Je le voyais griffoner des choses sur son carnet. Je me retournais alors coupant cours à notre échange et je me dirigeais vers ma loge. Arrivée à celle-ci, je pouvais me démaquillée, ce qui n’enlevait pas le charme naturel de mon petit minois semblable à une poupée de porcelaine.

La plume de Tristan glissant rapidement sur les feuilles du calepin qu’il s’était procuré, l’après-midi même, au marché de Paris. Il savait que ce soir, c’était le grand soir : sa muse serait en représentation à la Fée Verte et il ne devait pas rater cette occasion de tenter ne serait-ce qu’une approche à son égart. La belle, c’est qu’elle était farouche et ce n’était pas qui désirait qui s’en approchait aussi facilement. Notre écrivain en avait vu des hommes repousser par cette courtisane qui, d’ailleurs, ne lui avait jamais accordé ne serait-ce qu’une once d’importance. Mais Peut-importe, ce genre défi occupait l’esprit de notre galant au cœur bohème. Certains prenaient ça pour un passe-temps, lui prenait ça pour une passion, la raison même de son existence. C’est d’ailleurs pourquoi il changeait de muse à chaque saison, voire à chaque mois… libertin, le monsieur. Pas réellement. Seulement, s’attacher pour lui revenait à se tirer une balle de pistolet dans le pied, et il n’avait pas envie de souffrir. Sa plus récente rupture, celle d’avec la belle Claire, sa dernière muse, l’avait largement affaibli, mais il semblait plus fort, désormais : quand un homme se faisait jeter par sa propre fiancée, il avait maintenant la force de passer à travers chacune des épreuves que la vie pouvait lui offrir. Mais cela ne rendait pas la tâche plus facile, oh non !

Son après-midi au marché n’avait pas été inutile en soi. Et bien entendu, il n’était pas allé à cet endroit dans le seul but de s’acheter ce calepin dont il était en train de remplir les pages de son écriture fine et délicate – une écriture de femme, qu’on aimait bien lui dire, mais c’était plutôt qu’il préférait s’appliquer, pour être parfaitement compréhensible. Non, son but premier avait été de trouver l’ensemble parfait pour une sortie à la Fée Verte et pour une rencontre avec la jeune dame qui hantait ses nuits, guidant ses récits et sa plume. La magnifique Philomène. Le complet chic et bon genre qu’il avait trouvé, d’un gris foncé, presque noir, lui donnait un air de garçon de bonne famille – ce qu’il était réellement – et une classe dont il ne se passerait pas dans cette soirée, car elle allait probablement lui être utile, afin de séduire le fruit de ses poésies.

Ses amis, bien entendu, l’accompagnait lors de cette soirée festive. Tous étaient prêts pour la fête, un verre d’absinthe à la main, mais pas Tristan. Non. Fusain à la main, il observa la scène et ses courtisanes jusqu’à ce que son regard croisse celui de son inspiration. Et pour une première fois, elle ne lui parut pas aussi hautaine qu’à la coutume : c’était presque une invitation pour notre écrivain bohème. À la représentation terminée, il s’esquiva dans les coulisses du spectacle, surveillant ses arrières, n’ayant pas envie qu’un de ses compagnons lui ravisent sa conquête du soir. Se faufilant d’une porte à l’autre, il lui fallut un moment avant d’arriver à celle de Philomène. Sa beauté naturel toujours aussi exquise que l’artificiel, il ne put s’empêcher de sourire d’un soupir, affichant ainsi sa présence.